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Notre expédition au Népal en 2017, et l'ouverture d'une face vierge au "Pandra", avec Mat et Pierre

Une grand partie des photos (les plus belles) sont issues de la collection de Pierre Labbre. Hommage à ce copain disparu l'automne 2019

Présentation

Du 24 septembre au 29 octobre, les trois alpinistes que nous sommes, soutenus par la FFME via la Bourse Éxpédition Performance, avons passés un mois au Népal pour ouvrir un itinéraire technique dans une face perdue de l’himalaya Népalais oriental.

Voila la face, sur la gauche. Une magnifique photo prise par Pierre Labbre

Chaque journée d'une couleur différente, la voie fait environ 1000m, côté ED globalement avec des difficultés max allant jusqu'à M6 (des passages très durs à côté, car en neige inconsistante sur le rocher...) et WI6 (j'avais plutôt en tête un bon 5+, on avait dû être sous l'effet de l'altitude. Le sommet est aux alentours de 6600m. Nous n'avions pas de GPS pour confirmer cela. Nous pensions que c'était 6800m comme l'indique les cartes. C'est grâce à Google Earth que on peut préciser cela.


Vous pouvez également retrouver un autre compte rendu que Mathieu a écrit, paru sur Vertical :

0 ANNEE MONTAGNE PANDRA [3462]
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L’équipe du "Gang des Chauves" était constituée de Pierre Labbre, guide de haute-montagne à Chamonix, Mathieu Detrie, guide de haute-montagne du bureau de la Grave et moi-même, guide de haute-montagne à Monêtier-les-Bains.

Mathieu Detrie, guide résidant à Briançon, prof à l'ENSA et coach du Groupe Excellence Alpinisme National de la FFCAM

Pierre Labbre, guide membre de la Compagnie des Guides de Chamonix, prof à l'ENSA. Il nous a quitté l'automne dernier, dans un accident de montagne.

Et ma pomme, assez bien rasée ce jour là ! On s'est tous bien rasé après l'ascension, et pour créer le "gans des Chauves", il ne manquait que moi ! C'était un petit clin d'oeil au "gang des moustaches" qui œuvrait sur les pentes du Nuptse la même année !

> Si vous êtes intéressés par "comment s'est choisit le Pandra", rendez vous ici !


Au Népal, l’automne est une période propice à des ascensions en Haute-Montagne de part l’installation systématique d’un régime anticyclonique après celui de la mousson entre juin et septembre.


Pour profiter au maximum des bonnes conditions, nous sommes arrivés peu de temps après la mousson. Notre objectif fut un magnifique sommet culminant aux alentours des 6700 mètres, le Pandra (« quinze » en Népalais). Cette montagne est située à l’extrême Est du Pays, dans la région du Kangchenjunga (8586 mètres). Elle présente une face Nord-Est raide de 1200 mètres de mixte. La face vu depuis le camp d'acclimatation


C’est une face qui a été tentée l’automne 2016 par une cordée Japonaise, en échouant à 300 mètres du sommet. C’est cette tentative qui nous amené à envisager ce projet après la publication de photos sur le site de l’American Alpine Journal. Voila la photo, sur la gauche.




Entre autres, étant allé chacun plusieurs fois au Népal, nous voulions nous écarter des « classiques » que sont le Khumbu, les Annapurnas, etc… et trouver un terrain de jeu plus aventureux, plus sauvage et moins connu. Le Pandra était donc parfait. Il n’a été grimpé qu’une seule fois en 2002 par des Danois par la face Sud.

A droite, c'est l'Inde, et en haut la Chine !

J'ai la chance dans le vol Aller, d'être "surclassé" ! J'ai voyagé en 1ère classe, çà laisse des souvenirs !


Le 25 septembre nous sommes donc arrivés à Katmandou.

Après notre arrivée, nous en profitons pour nous ballader dans les rues, afin de passer le temps. Et puis, on achète deux trois bricoles, Mathieu a trouvé une remarquable contrefaçon de Petzle ! Et il pense à son Thomas pour qu'il reste au chaud.

A l'aéroport, c'est Babu Sherpa, de l'agence que nous avons contacté, qui est venu nous chercher.


L'approche motorisée

De la capitale nous avons entamés notre périple vers l’Est jusque Taplejung puis Chirwa. Après 2 jours non stop de bus dont quatre heures de Jeep en terrain miné, nous sommes arrivés le 29 septembre au point de commencement de notre trek pour rejoindre le camp de base.


L'année d'après, une route chinoise devait arriver à Lelep par le Nord et faire la jonction avec la route Chinoise, ce qui changera beaucoup de choses en terme de logistique...

Lors du voyage, nous rencontrons des villageois, de différentes ethnies...

Voila le genre de paysages que l'on rencontre, de nombreuses rizières, une végétation luxuriante...

Notre petit bus rien que pour nous. C'est la pause sieste, entre deux voitures notre chauffeur tente un somme sous l'arrière du véhicule : REGARDEZ BIEN !

La route est longue, nous nous arrêtons souvent pour manger et boire où les routiers s'arrêtent aussi. Ce sont des petits restaurants au bord de la route. Là on mange du Dal Bhat, le plat traditionnel Népalais, encore largement répandu malgré l'arrivée de la malbouffe dans le monde.

Une petite pause s'impose dans le Terraï, la grande plaine du Népal

Nous arrivons à Taplejung, dernière ville avant la campagne. Il existe un aérodrome, mais les vols sont très rares et chers. De là nous troquons le petit bus pour une jeep. Nous allons nous avancer sur une piste exécrable jusqu'au village de Chirwa.

Voila la piste carrossable

On finira ce deuxième jour non stop de route par de la piste de nuit !


L'approche pédestre

De ce dernier point rallié, nous démarrons notre marche avec comme objectif d'être le plus tôt possible à Ghunsa, un village clé depuis lequel nous ralentirons notre progression pour s'élever doucement en altitude.

Pendant la première journée de marche, à Lelep. L'humidité est forte, mais les chemins sont presque entièrement pavés ! çà évite au moins de patauger dans la boue

Les jeunes s'amusent à la balançoire en Bambou

On s'écarte des villages, les sentiers sont moins pavés, la végétation est toujours abondante.

Le débit de la rivière est extrême ! Le sentier la surplombe, ce dernier est renforcé par de l'acier par endroit

Chaque midi on s'arrête dans une lodge, l'idée étant de marcher 8 heures environ par journée. Dans cette lodge, on prend 1h/1h30 pour manger quelque chose

La famille dans un des lodges dans lesquels on s'est arrêté.

Ils font sécher toute sorte de trucs...


Avec nous, un guide Népalais de randonnée. On est dans une région où c'est obligatoire. En plus de cela, Gelu Sherpa a aussi comme statut d'organiser la logistique, et enfin, il est aussi cuisinier. Il nous assistera donc pendant toute l'expédition.

Des fois il en a marre qu'on marche, alors il fait tout pour qu'on s'arrête là où il a envie. La diplomatie rentre alors en jeu... C'est que d'habitude ils ont plutôt des touristes pas trop sportifs.

C'est vraiment la jungle !

Petits chevreaux

On a enfin passé la jungle ! Désormais même si c'est encore bien humide, on est à 3500. A Ghunsa après 3 jours de marche depuis le départ. C'est un carrefour important pour tous les trekkeurs.

Du chou !

A Ghunsa, ils ont un peu d'électricité venant d'une centrale hydraulique. Ici, la cuisine est dans la salle à manger.

C'est l'organisation classique d'une salle à manger dans un lodge.

Après être resté une journée d'acclimatation à Ghunsa jusqu'au col Selala La à 4480m, nous sommes allés à Kangpachen, à 4050 mètres. Enfin on est dans un étage de végétation que l'on affectionne. L'équivalent ici de 2000 mètres.

Le village, avec le Jannu juste au dessus !

Après être resté une journée à Kangpachen, nous avons pris la direction de Lhonak, le dernier lieu habité le printemps et l'automne. Ce village à 4300 mètres nous permettra de faire un sommet d'acclimatation à 5700 mètres, l'après-midi. De ce sommet juste au dessus de Lhonak, au Nord, on a une superbe vue panoramique.

De nombreux sommets alentours méritent le détour !

Depuis Gunsa, les yaks ont remplacés les porteurs, c'est d'après l'agence moins onéreux, et surtout ils résistent mieux à l'altitude car nos porteurs n'étaient pas tous acclimatés, et ne faisaient pas parti de l'ethnie Sherpa

Arrivée à Kangpachen

A Kangpachen on essaye de trouver des informations sur l'emplacement occupé par les Japonais.

Phole Sobithongje 6670, deux beaux sommets très intéressants !

L'encens est brûlé chaque matin. Ils vendent d'ailleurs cette plante très chère à la capitale

Le Kangchenjunga, maître des lieux ! On part pour Lhonak

Un peu au dessus de Lhonak

C'est là que se termine grosso modo le trek sauvage du Kangchenjunga. Connu des trekkeurs mais peu fréquenté car la logistique est laborieuses, les lodges ne sont pas encore développées comme dans d’autres massifs, et le coût du trek est onéreux.


Juste avant le départ, notre hôte nous explique le chemin à suivre !

Le débit est très puissant !

En marche vers Lhonak

Le Kangchenjunga

Lhonak

Lhonak et le Kirat Chuli au fond de la vallée

On voit les maisons du village de Lhonak, c'est une grande plaine.

Le Chang Himal (6800) à droite, au fond à gauche le Kirat Chuli (7352). Il y a aussi une belle ligne pas trop dure sur celui ci.

Le grand glacier sur lequel on a installé le camp de base. Nous étions en rive gauche, au milieu du segment visible ici. Et la vallée du Pandra est celle partant à gauche.

Le Chang Himal

Quelques locaux dans les falaises

Des "Blue Sheep", les mouflons Népalais, chassés par les Léopards des Neige et les loups

Nous profitons d'une journée de rabe pour aller repérer nous même l'emplacement probable de notre camp de base.

Mathieu ouvre la marche

Le Janak derrière avec de belles cornes de Blue Sheep !

Tout au fond le Jannu

Le Janak, avec encore une belle ligne à ouvrir au centre de la face. Les Slovènes voulaient la faire mais ils se sont plus ou moins "échappés" par la droite, en rejoignant l'arête dans le haut

La Pandra qui dépasse à gauche sous forme de Pyramide

On prolonge la sortie, la marche est assez facile sauf la traversée du glacier

Je continue seul pour aller voir la face. La récompense est géniale, la face est en bonnes conditions ! Il reste encore à gravir le grand placage central, avis aux amateurs !

Ce sera l'emplacement de notre camp de base avancé !

De retour à Lhonak

Voila la dernière lodge dont nous profiterons, celle ci n'est pas vieille du tout. Quelques années seulement. Avant c'était des bergeries.


Installation du camp de base

De ce villages, avec l'aide des yaks, nous avons atteint le lieu du Camp de Base et avons pu nous y installer le 06 octobre. A 5100 mètres d’altitudes, dans la vallée du glacier Lhonak, en rive gauche, non loin du Pandra.

Les yaks et Dzos (mélange entre une vache et un yak, plus docile)

Au final le camp de base ne se situe pas du tout là où nous le pensions. C'est le propriétaire des Yaks qui savait exactement où c'était car il avait été employé par les Japonais.

Le camp est déjà prêt, plusieurs parties planes jonchent le sol. Les Japonais et les Slovènes l'ont déjà utilisé

Le camp est très minéral, le confort en prend un coup. L'eau est prise moyennant 10 minutes de marche, sur le glacier.

Le camp de base avec un cairn déjà présent

Camp de base classique confort avec une tente de cuisine une tente salle à manger, une tente douche et une tente chacun au fond à droite

La tente cuisine avec Gelu Sherpa et son aide cuisinier qui nous ont bien gâté !

La tente cuisine

Lumières obscures

Lumière du soir

Les cirro stratus rose

L'habituel "coup de fil à la famille", histoire de donner des news !


L'acclimatation à plus de 6000m

De ce camp de base, nous avons débuter la véritable acclimatation avec deux nuits à 6100 mètres et un sommet à 6250 mètres, situé pile en face de notre projet. Cela nous a permit de bien étudier l’itinéraire, le choix de l’emplacement des bivouacs, et la durée d’ensoleillement de la face. Cette année les conditions sont alors excellentes comparées à celles des Japonais ! Tant mieux pour nous c’est top !

C'est parti pour aller jusqu'au point que j'avais atteint, à 5500m

Pierre à gauche, et mathieu

Nous faisons une nuit à 5500m

Le lendemain matin la neige fraîche nous accueille

On monte en direction d'un col à 6100m environ

On y accède très facilement en basket !

A ce col, nous y restons volontairement deux nuits. Nous passerons une journée à ne rien faire ! Il faut être patient en expé...

Alors je passe le temps en construisant un cairn

Le vallon glaciaire de l'autre côté

Et le Pandra, toujours là !

Le Jannu

Pierre va jeter un oeil à ma construction

Les sommets de l'autre côté, frontaliers avec le Tibet. Il y a là de beaux projets de type AD max

On troque les baskets pour les grosses pour ce petit sommet à 6200

Le janak, un joli 7000m. Dur dur !

Idem

Le Dhromo

Dernier matin, on redescend à la casa !

Adieu mon cairn

Le Pandra

La mauvais temps arrive, on va pouvoir apprécié le repos avant l'assaut !

Pierre qui passe le torrent, petit le matin mais au fort débit l'après midi !

Voila les photos de Pierre pour cette acclimatation :

Mathieu et moi au camp d'acclimatation

Le Janak