

Enchainement historique dans les Alpes : Benjamin Védrines grimpe et relie les 3 grandes faces nord des Alpes en moins d’une semaine - sans moyens motorisés
L’Eiger, le Cervin et les Grandes Jorasses en style pur et libre, sans motorisation, accompagné par Léo Billon pour les ascensions
Chamonix, 14 avril 2025
L'aventure du mois d'avril
En moins d’une semaine, l’alpiniste Benjamin Védrines a réalisé un voyage hors norme au cœur des Alpes. Un enchaînement inédit, sobre et élégant : les trois grandes faces nord mythiques — l’Eiger, le Cervin et les Grandes Jorasses — gravies à la suite, sans utiliser de moyens motorisés pour relier les massifs.
Vélo, ski, parapente, course à pied : un mouvement perpétuel au service d’une idée forte. Rejoindre les montagnes par la force humaine. Grimper des itinéraires légendaires. Et faire vivre un certain idéal de l’alpinisme.
Pour chaque ascension, Benjamin s’est entouré de son ami de toujours, Léo Billon, qui l’a rejoint pour chaque face nord. Ensemble, ils ont tracé une ligne humaine et poétique sur la carte des Alpes. Un hommage à la cordée, à l’histoire alpine et à la liberté de créer dans les montagnes de chez nous.
Une odyssée alpine, ancrée dans l’histoire
Tout commence à Grindelwald, le 6 avril. L’objectif : l’Eiger, 3970 mètres, sa face nord mythique, et la voie Heckmair, ouverte en 1938 dans un mélange de courage et d’inconnu. Première grande face nord des Alpes vaincue, l’Eiger fut longtemps un mur infranchissable. Benjamin et Léo y retrouvent le fil de cette histoire verticale, dans des conditions sèches et exigeantes.
Puis vient le Cervin, 4478 mètres, depuis Zermatt. La voie Schmid, ouverte par les frères du même nom en 1931, marque une époque où l’engagement prenait le pas sur la logistique. Cette ligne directe dans la face nord incarne l’audace et la sobriété. Deux mots qui pourraient résumer tout le projet.
Enfin, les Grandes Jorasses, 4208 mètres, via la redoutable McIntyre-Colton, voie de référence dans l’alpinisme moderne, ouverte en 1976. Un itinéraire de mixte long, technique, engagé. Là encore, conditions sèches, escalade complexe, mais une ligne qui parle à toutes les générations d’alpinistes.
Chacune de leurs ascensions a été réalisée à un rythme impressionnant, témoignant de leur parfaite maîtrise d’un terrain aussi exigeant que complexe. Et ce, sans avoir jamais parcouru ces itinéraires auparavant. Certains, comme la face nord du Cervin, n’avaient même pas encore été gravis cette saison. Le lendemain de leur passage, plusieurs cordées ont d’ailleurs dû faire demi-tour face aux conditions, ou ont été évacuées par voie aérienne.
Détails des horaires en bas du communiqué.
Liberté, simplicité, mouvement : une vision de l’alpinisme
À travers ce projet, Benjamin Védrines et Léo Billon proposent une lecture moderne et sobre de l’alpinisme. Loin des expéditions lointaines, ils montrent que les Alpes restent un immense terrain de jeu, riche, exigeant, inspirant. Il ne s’agit pas seulement de performance, mais de retrouver du sens, de l’innovation et du lien entre les lieux.
« Ce voyage, c’était de la liberté à l’état pur. J’avançais simplement, à la force de mes jambes, porté par l’amitié, l’envie et l’histoire de l’alpinisme. Une forme de dépouillement qui donnait encore plus d’intensité aux faces que j’ai eu plaisir de gravir avec mon ami Léo. »
Pas de motorisation entre les sommets : du vélo pour les vallées, du ski pour les approches, de la course à pied pour les jonctions, et le parapente pour les descentes — notamment un décollage depuis le sommet des Jorasses jusqu’à Chamonix, comme une signature aérienne pour clore cette grande traversée.
Ce périple n’aurait jamais pu se faire sans le soutien logistique discret mais crucial de leur ami Quentin Degrenelle, qui a assuré les transitions, le suivi et l’intendance, avec une efficacité de l’ombre essentielle à la réussite du projet.
Une cordée, un regard neuf, un avenir en marche
Ce projet, c’est aussi une histoire d’amitié : celle de deux lycéens devenus compagnons de cordée et qui d’année en année tentent de réinventer leur pratique. Une histoire de génération, aussi, où l’on voit l’alpinisme évoluer sans renier ses fondations. Enchaîner les grandes faces nord, oui, mais avec une approche sobre, sportive et fidèle à une vision humaine de la montagne.
« L’alpinisme dans les Alpes n’est pas mort. Il faut juste un peu d’imagination, de passion, et le courage d’inventer sa propre voie. »
Affaibli par virus et une activité physique soutenue, Védrines a atteint le dernier sommet, la Pointe Walker, poussé par l’envie irrépressible de terminer cet ambitieux voyage.
Après 6 jours d’effort, de contemplation et de lutte, Védrines et Billon ont finalement atterri à Chamonix sous leurs voiles de parapente, après un long vol de plus de 30 minutes. Le regard tourné vers l’horizon, et déjà plein d’idées pour la suite.
Compte rendu détaillé
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06 avril : Grindelwald - Eigergletscher à ski.
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07 avril : Face nord Eiger ; voie Heckmair en 4h10.
Transition sur Fiesch par le glacier d’Aletsch.
Ski / parapente.
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08 avril : Fiesch - cabane d’Hornli.
Vélo / ski / marche.
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09 avril : Face Nord Cervin ; voie Schmid en 5h40.
Transition sur Visp. Ski / vélo.
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10 avril : Visp - Montenvers. 120 kilomètres de Vélo / 1000 mètres de dénivelé en marche.
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11 avril : Face Nord Grandes Jorasses ; voie Colton McIntyre en 4h20.
Retour sur Chamonix en parapente.
English version
Three Legendary North Faces, One Human-Powered Traverse
Eiger. Matterhorn. Grandes Jorasses. Three iconic climbs linked by foot, ski, and air.
In under a week, French alpinist Benjamin Védrines completed an extraordinary journey through the heart of the Alps. An unprecedented, sober and elegant link-up: the three legendary great north faces — the Eiger, the Matterhorn and the Grandes Jorasses — climbed in succession, without using any motorized transport to move between mountain ranges.
Bike, ski, paraglider, running: a perpetual motion in service of a powerful idea — reaching the mountains through human power alone. Climbing legendary routes. Keeping a certain alpine ideal alive.
For each ascent, Benjamin teamed up with his lifelong friend Léo Billon, who joined him on each north face. Together, they traced a human and poetic line across the Alpine map — a tribute to rope partnership, alpine history, and the freedom to create in our home mountains.
An alpine odyssey, rooted in history
It all began in Grindelwald on April 6, with the north face of the Eiger (3,970 m), and the iconic Heckmair route — first climbed in 1938 in a mix of boldness and uncertainty. The first of the great north faces ever climbed, the Eiger was once seen as an impenetrable wall. Benjamin and Léo reconnected with that vertical history, in dry and demanding conditions.
Next came the Matterhorn (4,478 m), approached from Zermatt via the Schmid route. Opened in 1931 by the Schmid brothers, this direct line in the north face symbolizes commitment over logistics — a spirit of boldness and simplicity. Two words that could sum up the entire project.
Finally, the Grandes Jorasses (4,208 m), via the formidable McIntyre-Colton route — a modern alpine classic opened in 1976. A long, technical, and serious mixed climb. Again, dry conditions, complex climbing, but a line that speaks across generations of alpinists.
Each ascent was completed at an impressive pace, showing the duo’s mastery of complex and high-stakes terrain — despite having never climbed these routes before. On the Matterhorn especially, conditions were so harsh that no other teams had summited yet this season. The day after their climb, several rope teams turned back or were evacuated by helicopter.
See detailed schedule at the end of the release.
Freedom, simplicity, movement: a vision of modern alpinism
Through this project, Benjamin Védrines and Léo Billon offer a modern and minimalistic reading of alpinism. Far from distant expeditions, they remind us that the Alps remain a vast, demanding and inspiring playground. It’s not just about performance — it’s about meaning, creativity, and connection between landscapes.
"This journey was pure freedom. I moved forward with nothing but my legs, powered by friendship, desire, and the history of alpinism. A kind of simplicity that made the faces we climbed all the more intense and meaningful."
No engines between peaks: bikes in the valleys, skis for the approaches, running for the transitions, and paragliders for the descents — including a final flight from the summit of the Grandes Jorasses to Chamonix, a fitting airborne signature to end the great traverse.
This journey would not have been possible without the quiet but essential logistical support of their friend Quentin Degrenelle, who managed transitions, tracking and supplies — a vital presence in the shadows.
A rope team, a fresh perspective, a future in motion
This project is also about friendship — two high school friends who became climbing partners, pushing their practice further each year. It’s also about generations: showing that alpinism can evolve without forgetting its roots. Linking the great north faces, yes — but with a sober, athletic, and human-centered approach to the mountains.
"Alpinism in the Alps isn’t dead. It just needs a bit of imagination, passion, and the courage to invent your own path."
Weakened by a virus and sustained physical effort, Védrines reached the final summit, Pointe Walker, driven by the irrepressible desire to complete this bold journey.
After 6 days of effort, awe, and struggle, Védrines and Billon finally landed in Chamonix under their paragliders — a 30-minute flight and a long look to the horizon, already full of ideas for what’s next.
Full itinerary below:
Itinerary:
· April 6: Grindelwald to Eigergletscher on skis.
· April 7: North Face of the Eiger via Heckmair Route in 4h10. Transition to Fiesch via Aletsch Glacier. Ski / paraglider.
· April 8: Fiesch to Hörnli Hut. Bike / ski / hike.
· April 9: North Face of the Matterhorn via Schmid Route in 5h40. Transition to Visp. Ski / bike.
· April 10: Visp to Montenvers. 120 km bike / 1,000 m elevation gain on foot.
· April 11: North Face of the Grandes Jorasses via Colton-McIntyre Route in 4h20. Return to Chamonix by paraglider.