Une immersion intense et partagée au nord du massif des Écrins, avec Camille Marot et Léo Billon. Trois jours perchés sur les arêtes et l'ascension de trois faces Nord gravitant autour de la Reine Meije (Fourastier, Directissime des Potes et Gérons la Canicule).
Au programme :
1) La voie Fourastier au Râteau
2) La Directissime des Potes à la Meije
3) Gérons la Canucule au Pic Gaspard
Trois journées avec une météo parfaite. Les 25 centimètres tombés dans le massif du Mont Blanc auront eu raison de nous faire changer d'avis, car nous avions ce projet en tête depuis longtemps.
Des collègues bien motivés et des moments inoubliables, avec des itinéraires variés, et des approches peu banales (celle du Pic Gaspard depuis l'Aigle !).
1er jour : montée au refuge du Promontoire par la Bérarde
2ième jour : Voie Fourastier en face Nord du Râteau, nuit au refuge du Promontoire
3ième jour : Directissime des potes en face nord de la Meije, nuit au refuge de l'Aigle
4ième jour : Gérons la Canicule en face Nord du Pic Gaspard, nuit au refuge du Pavé
5ième jour : retour à la Bérarde par le Col du Clot des Cavales
Introduction
Une vague de pierres phénoménale déferle sur le Glacier Supérieur du Lautaret. Mon geste, celui d’avoir mis hors de portée un bloc en équilibre, nous fait rendre compte que le terrain est littéralement putride. Des centaines de mètres cubes de minéraux se laissèrent tomber les uns après les autres. L’effet boule de neige nous scia le bec. Que fait-on désormais ? Léo, Camille et moi doutons. C’est notre troisième et dernier jour d’escalade, avant de boucler cette Super Intégrale de la Meije. Mais la face Nord du Gaspard est un donjon. Notre plan va-t-il fonctionner ?
Le Grand Pic de la Meije est aux Écrins ce que les Jorasses sont au Mont Blanc. Un mythe. Une montagne de légende. Ici on l’appellle « La Reine ». Objet de nombreuses convoitises, vous l’aurez vu cette année notamment à travers les nombreux diagnostics qui lui ont été fait, suite à l’écroulement dont elle fut victime en 2018 dernier.
Au-delà de son esthétisme, sa renommée découle aussi de son histoire, car elle fut la dernière montagne majeure des Alpes à avoir été gravie. En 1877, après dix-sept tentatives. Nombreux sont donc les alpinistes ayant été inspirés par sa Meijesté. Elle occupe encore l’imaginaire des montagnards d’aujourd’hui.
Justement c’est avec cette imagination que nous avons tracé cet enchaînement sur trois journées. A l’image de la Super Intégrale de Peuterey (Voie Ratti à la Noire, voie Gervasutti à la Pointe Gugliermina, et le Pilier Central du Freney), la Super Intégrale de la Meije propose la combinaison des trois faces nord majeures surplombant la Romanche. La face nord du Râteau (3809m), de la Meije (3983m) et du Pic Gaspard (3881m). Pour les itinéraires, nous avons optés pour trois voies d’époques différentes, toutes représentant de beaux challenges.
Le Râteau et la mystique voie Fourastier
Elle a été gravie en 1938 par Maurice Fourastier et Andéol Madier. Maurice est un alpiniste qui a marqué sa génération avec des ascension toujours d’actualité. Pour ne citer que quelques-unes : la face Nord de la Pointe du Vallon des Étages, l’arête Nord de la Pointe Puiseux au Pelvoux, la face Nord-Est de l’Ailefroide, l’éperon Ouest de la Grande Ruine.
Toutes ses ouvertures imposent le respect, et on ne peut s’empêcher de penser au contexte de l’époque dans ces itinéraires en 5c, une cotation déjà extrême pour l’époque, surtout en haute montagne et à l’ouverture !
La face nord nord-est vu de profil, c'est bien dalleux finalement !
Passage d'une belle rimaye
L’accès à la face Nord du Râteau se pratique habituellement par le bas, en venant de la gare finale du téléphérique de la Grave. Mais nous avons choisis de partir du refuge du Promontoire, où Sandrine, la nouvelle gardienne ayant remplacé l’inimitable Fredi, accueille ses hôtes avec passion !
Ce mardi 16 juillet, lendemain d’une petite perturbation, nous nous mettons en route pour la brèche de la Meije. Le réveil n’a pas été violent, à 4h30 ! Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons devoir grimper aux frontales. Après être descendus sur le glacier de la Meije, nous continuons notre approche furtive en empruntant l’itinéraire de l’arête Nord-Est du Rateau Est. C’est par cet endroit que nous descendrons. Vers 3550 mètres, à droite, droite ! Il faut à présent passer sous le sérac proéminant qui surplombe la voie Ginel, une rampe de glacier qui approche les 50° par endroit. Nous ne savons pas comment est l’état de la neige. Si elle est devenue glace, cela nous posera problème, car la pente se raidie sérieusement. Heureusement, nous arrivons à temps ! Le tout est très agréable pour évoluer en sécurité.
Un rappel, et nous sommes à hauteur du début de cette Fourastier-Madier. Cette face Nord-Nord-Est nous laisse un peu songeurs à première vue. Tout le bas parait peu raide. Nous aurais-t-on mentis ?
Eh bien, oui ! En s’engageant sur le rocher, nous comprenons que jusqu’au pied de la grande fissure terminale, la verticalité n’est absolument pas de mise. On va pouvoir gazer. Nous enchainons les longueurs en croisant de temps à autre quelques pitons, des relais ici et là. Ceux-là s’apparentent d’ailleurs plus à une réchappe malcommode. Certains de ces pitons s’enlèvent à la mains, ambiance ! Car oui, ici le rocher bouge, comme de partout, mais parfois, il est vrai qu’il vaut mieux se faire léger ! Pour autant, dans toutes cette partie jusqu’aux difficultés, le rocher est globalement très bon. On se surprendra même à de légers sursauts de déconcentration, vite désenchantée par une vires ou un couloir putride.
Le début, bien peu penché
Belle ambiance
Un rocher pour le moment très très correcte, voir excellent
Un peu moins bon dans cette partie, et la neige commence à faire son apparition...
Je me laisse guider par mon instinct, le topo est très évasif
Le profil supérieur est beaucoup plus limpide ! Pour autant on sera surpris par le verglas très vite...
Quoiqu’il en soit, sans s’être perdus, nous arrivons dans ces longueurs décrites comme « délicates ». Du 4c délicat, on en a vu des choses plus difficiles ! C’est la fleur au fusil que je pars alors dans c’est deux envolées. Et bien j’ai vite déchanté. Le verglas est comme dans le topo l’indique…gênant ! Surtout en chaussons. Mais en grosses et crampons, çà s’avérerait également difficile car les adhérences rocheuses sont des arrondis et des replats. Un certain découragement se manifesta en moi lorsque quelques gouttes de verglas se transformèrent en véritable goulotte et plaquages, dressant une forteresse sans possibilité de protéger. Mes chaussons paraissaient bien dénués de sens. C’est donc tout doucement, avec des protections minimes en sautant de surfaces rocheuses à surfaces rocheuses que je passai cette section.
La longueur avant le crux
Le crux !
En chaussons, je ne faisais pas le fier !
Décidemment, la montagne nous surprendra toujours.
Je passe le relais et Léo s’envole dans le raide. Une longueur délicate pour lui car nous sommes juste dessous et des mètres cube de roches menacent notre existence. Tout se joue avec délicatesse, avec et légèreté.
Nous sommes juste dessous, Léo fait de son mieux pour éviter de nous balancer des frigos
La remontée de cette longue cheminée n’est pas des plus excitante sur le point de vue de l’escalade pure, mais incroyablement historique et remplie d’âme. La nature du rocher, moyenne disons, a freinée l’ardeur de nombre de cordées motivées depuis des décennies. En 1952, le grand Guide de Vallouise Victor Chaud y trouva la mort avec son fidèle client Claude Nolin, avec lequel il ouvra plusieurs itinéraires dans les Écrins. Cette disparition renforça le caractère rude et mystique de cette voie. Le comble c’est que Victor Chaud ne voulait pas s’engager dans cette face, préfèrant tenter d’aller ouvrir une directe plus directe en face Sud du Doigt de Dieu. Mais il céda devant l’enthousiasme de son client, qui lui en rêvait. Chaud, l’invincible, meurt dans son terrain de prédilection.
Patrick Bérhault y réalisa en mars 1996 un solo hivernal, mais peu de traces de son passage. Depuis, je ne connais personne qui s’y soit aventuré.
Voila les quelques "frigos" auxquels il faut faire bien attention !
Léo démarre dans sa deuxième longueur
Camille dans la deuxième longueur de la cheminée
Tout détendu le Léo ! En grosses en plus ;)
Avec la Meije en arrière plan, cette face du Râteau est très sympathique !
Nous continuons notre échappée vers le haut, et en tête de peloton Camille Marot excelle et négocie le passage clé à la perfection, sur un rocher étonnamment très bon. Une longueur suivante et nous rejoignons l’arête faitière. Nous laissons derrière nous cette ligne austère et ses blocs en équilibre.
Camille dans la dernière longueur
Des cordes statiques pendent sur les derniers mètres...sympa !
Un très bon rocher pour ce passage raides en 6a
Les deux compères au sommet
Léo fatigué d'avance à la vue de ce qui nous attend les deux jours à venir
La Barre des Écrins et l'Ailefroide
Camille ouvre la marche sur l'arête Nord-Est du Râteau Est
On descend l'épaule glaciaire pour repasser par la brèche de la Meije
La Directissime des Potes en Face Nord de la Meije
Un bon repas, une belle nuit et c’est reparti ! Cette fois le réveil sonne plus tôt, à trois heures. Personne n’a réalisé la voie à la journée, et il faut ensuite traverser jusqu’au refuge de l’Aigle.
D’un rythme régulier et peu intense nous nous retrouvons au pied de ce beau versant surplombant La Grave. Au-dessus de nous 850 mètres de face sèche. La roture se négocie très aisément, et la remontée du socle n’est qu’une formalité, quoique le rocher pourri impose d’éviter les gestes précipités. Sous le pilier Girod, un éperon se dessine, c’est par là !
Puis, après avoir remonté les systèmes de goulottes toutes sèches et en bon rocher, on se retrouve sous un mur très raide, orangé, rayé d’une fissure évidente. C’est dans ce bastion réunissant les premières difficultés que Max Bonniot et Mathieu Detrie avaient, en 2012, laissaient de leurs traces en ouvrant une variante, bien malgré eux ! Concentrés et guettant la moindre piste pour éviter leur mésaventure joyeuse, nous trouvons l’indice déterminant, un piton ! L’attaque de ce bastion ne saute pas aux yeux, mais il promet une escalade raide avec du style et de l’ambiance. Mais gare aux quelques écailles piégeuses, le terrain reste celui de l’Oisans « Sauvage » ! Le retour sur la vire juste dessous pourrait être inconfortable.
Le Mont Blanc dessine l'horizon au lever de soleil
Le mur
L'attaque n'est pas évidente, cette photo pourra vous aider ! On a longtemps cherché avant de trouver LE piton !
Léo toujours en grosses...
çà ZigZag dans les rampes raides
La glace du Z nous tend les bras, et Camille laisse à Léo le plaisir de partir en tête dans cette grande giclée de glace, jouant de ses deux piolets légers. Les conditions sont excellentes et la grande paroi terminale se dresse devant nous. Habituellement nous bifurquons à droite au plus facile pour rejoindre la brèche du glacier Carré, cette fois-çi, c’est droit dans le pentu !
Léo connecté, la face nous réserve encore des surprises !
On monte trop à droite, il aurait fallu accéder au pied d'une large fissure par la gauche
Nous hésitons, car la fissure évidente parait extrême. Alors je profite du privilège d’être à la Meije pour sortir la 4G ! La visualisation de la vidéo du duo M&M est sans appel, il va falloir s’employer. Comme tout est question d’angle de visualisation, une fois au pied, la fissure infranchissable s’avère à échelle humaine. Contrairement à nos prédécesseurs, le rocher est intégralement sec et le lichen présent ne nous gène que très peu.
La belle fissure caractéristique
La partie finale de cette section : une cheminée
Les longueurs se succèdent les unes après les autres et c’est non sans peur que nous nous retrouvons au pied de LA longueur clé, un mur de 35 mètres, déversant. Pour autant, il est possible de s’échapper par la droite via une rampe facile, afin de rejoindre la dernière partie Ouest de la voie normale.
Remonté comme un Coucou apeuré, je me lance. J’ai peur mais mes deux collègues me disent que je n’ai jamais peur de rien, alors j’encaisse et je tente d’y croire religieusement. Le libre ne durera pas longtemps, le premier goujon est un bon prétexte pour s’y arrêter ! Je continue en artif moyenant quelques pas de court libre. Le deuxième goujon est atteint. Au-dessus c’est très compact, l’artif n’est plus des plus commode alors j’essaye en libre. Une grosse poignée semble être la prise clé mais une fois pendu dessus, celle-ci s’avère être un « tiroir ». Je pars en arrière sans tomber, et puis, je ne risque rien, juste un gros vol ! Cette section n’est pas facile, alors je décide de rajouter encore une protection pour gagner un mètre. Un petit trou me permet d’y taper un clou, juste à point, pour accéder à un replat plus prisu. Je me rétabli en gémissant et atteint le relais. Mes acolytes, tous les deux très forts grimpeurs, profite de cette magnifique longueur en rocher excellent perchée en altitude, pour se pendre sur la corde et apprécier les outils de remontée sur corde.
Un rocher digne de Tour Termier, mais un Gneiss
Je pendouille !
Encore et encore...
Après un relais tout pendu, je traverse complètement à droite, il s'avérera tout aussi bien d'aller tout droit, mais çà à l'air plus facile comme j'ai fais
Enfin nous atteignons le sommet du Grand Pic de la Meije, avec une joie entourée de nuages inoffensifs se déchirant. Une pensée me vint et j’imagine que notre joie fut la même que les premiers ascensionnistes de cet itinéraire direct et novateur, louvoyant entre plusieurs sections variées et difficiles, tentant de trouver le plus beau parcours possible, sans être illogique. Cette idée fut concrétisée en 2005, en deux fois, par Cyrille Copier, Jean-François Étienne (Alias Gepetto), et Bernard Gravier. Tous les trois guides de haute montagne. C’est la seule voie à gravir cette belle facette sommitale surplombant le Z.
Camille rassurée d'en avoir terminé !
Au sommet Del Grand Picos
Le fameux passage de la quatrième dent !
Après une traversée des arêtes express, Jeff, le gardien du refuge de l’Aigle accompagné de son aide gardien Gelu, nous accueille dans ce chaleureux cocon d’altitude. Nous avons le luxe de profiter des lieux avant le repas.
Nous faisons le point sur notre progression. Celle-ci est positive puisque plus de la moitié a été faite, mais à nuancer car demain est le jour décisif, à cause de l’approche totalement inconnue et aléatoire pour accéder à la face nord du Pic Gaspard.
La Face Nord du Pic Gaspard
Cette face caractéristique depuis le col du Lautaret notamment, n’est pas tellement à la mode. Les principaux itinéraires qui la composent sont grimpés en conditions de goulotte, et ils ne sont pas très longs. Ce qui explique aussi ce manque de fréquentation est l’accès peu évident au pied de la face. Ce n’est pas comme remonter le glacier noir. Si l’on vient du Pont des Brebis, il faut remonter tout le vallon de l’Homme et soit utiliser l’itinéraire Bis du col Claire, puis partir à droite une fois sur le glacier Supérieur du Lautaret, soit franchir la barre de sérac en son point faible, moyennant quelques longueurs à 70° max.
La voie que nous allons grimper a été ouverte en 2012, par le guide Arnaud Guillaume, qui réalise encore de belles premières (Pilier des Temps Maudits en face Nord-Ouest de l’Ailefroide, Éloge de la Fuite en face Nord-Ouest du Pic Sans Nom, Passy bonne Pierre en face Nord-Ouest du Dôme…) accompagné de Max Bonniot, maintenant au GMHM depuis de nombreuses années, qui excelle dans l’alpinisme de haut-niveau. Les deux compères ont choisi eux d’y accéder par un col à l’ouest du Col Claire, avec une descente en rappel délicate.
Pour respecter notre cheminement vers les cieux, nous choisissons l’accès par le haut ! C’est drôle de se retrouver à la Meije Orientale à 5 heures du matin, avec comme ligne de mire une traversée d’arêtes jusqu’au Pavé, suivi d’une descente en rappel scabreuse et d’une traversée sur un glacier raide et suspendu.
L’ambiance là-haut à cette heure-là est irréelle. En silence je me retourne et regarde mes camarades. Plongés dans cet enchainement que nous avons imaginé, nous nous laissons emporter par la trajectoire que nous avons dessinée. En mode automatique nos pieds et nos mains se posent aux bons endroits, évitant le décrochement des prises désancrées qui pourrait nous faire voler d’un côté ou de l’autre de ce fil que nous suivons.
Une fois au sommet de la Meije Orientale, on enlève les crampons
Et on remet d'aplomb l'encordement
Encordement à trois, éloignés les uns des autres d'une distance suffisante pour que des becquets enrayent notre chute potentielle. Tout cela à double par rapport à cisaillement rocheux.
Le soleil va bientôt se lever
Des Strato Cumulus nous font vivre un superbe moment !
C’est accroché à la vie que nous tentons de résoudre cette descente en rappel qui doit nous mener sur le Glacier Supérieur du Lautaret. Chaque décision que nous prenons peut-être fatale. Nous avons confiance les uns aux autres, mais en aucun cas nous ne faisons confiance au terrain dans lequel nous nous trouvons. Ce couloir est putride. Les rappels sont courts et les plus désaxés possible. C’est à chaque fois que nous tirons la corde que nous croisons les doigts. Les gestes sont millimétrés, afin de ne pas tirer le mauvais caillou, qui pourrait en emporter cent autres. Et nous avec !
Pas envie de rester longtemps ici !
Sains et saufs
Laborieusement mais heureusement, nous atteignons la glace et lunules après lunules, nous prenons pied sur le glacier, encore en neige. Le plus sûr n’est pas encore fini !
Après avoir franchi le ressaut raide du milieu de ce glacier peu fréquenté, nous nous rapprochons de ce pilier évident que Max et Arnaud ont découvert sur le tard. Incroyable d’ailleurs que ce pilier n’a pas été fait avant !
Quelques chutes de pierres proviennent de la face Nord-Nord-Est du Gaspard, qui prend le soleil le matin
Pour ce qui est de notre pomme, l’attaque de la voie telle qu’elle à été ouverte, est inenvisageable. La rimaye est immense et le terrain normalement mixte à l’ouverture, est dépourvu de blanc, et recèle un terrain digne des pires cauchemars d’alpiniste !
Nous attaquons 70 mètres à l’ouest, par deux longueurs peu difficiles en traversée, après avoir franchi une roture très facile. Léo part accompagné du soleil. Il est en chaussures, après avoir abandonné ses chaussons au refuge, dans ces premières longueurs peu raides mais techniques et lichéneuses. Les cotations sont justes, et notre ami Léo, malgré qu’il ait récemment réussi l’enchaînement d’un 8c Chamoniard, se retrouve dans une position malcommode !
Un très bon rcoher, Léo toujours en grosses, ses chaussons ne serviront à rien !
Léo dans les longueurs techniques en 5+ cotations sèches. Ses chaussons lui manqueront dira t-il !!!
Camille prend le lead.
A l'approche du dièdre en 6b+, où l'on se méfiera des écailles branlantes !
Camille prend la suite et se retrouve malgré elle dans un 6b+ clé qui le déplu. Rocher froid, d’une couleur à refaire, avec des écailles mouvantes. La future médecin ne cesse de se plaindre, elle qui jusqu’à maintenant n’avait émis aucun apitoiement ! C’est en second que nous comprenons ses plaintes, certes un peu exagérées mais étant donné qu’il ne faut jamais contrarier un leader, nous validons ses ressentis !
Son efficacité nous permit d’imaginer pouvoir finir, car passer cette longueur, vient de belles envolées sur du rocher globalement bon et agréable à grimper. Jusqu’au sommet de courtes sections nous ralentirons mais n’empêcherons pas nos esprits d’apprécier l’instant présent. On est bien, nous savons que nous allons le faire, la pression retombe d’un cran. Nous arrivons enfin au sommet, ou devrais-je dire « aux » sommets, car chaque pointe parait plus haute que la suivante. Arrivé sur la suivante, c’est la précédente qui parait plus haute, un vrai casse-tête !
Cette partie après le 6b+ est vraiment pourrie...
Des couloirs, des cheminées, des dièdres...
Encore et toujours !
Bientôt la fin, mais les passages qui suivent ne sont pas si aisés que çà !
Léo non loin de la pointe sommitale
Ouf !
On arrive !
C'est bon le sommet, mais faut descendre maintenant !
L’éternelle descente ne se fait pas attendre, nous actionnons d’un bon pas la délicate désescalade jusqu’au glacier Claire. Une fois enlevé la corde, nous nous sentons libre après trois jours d’encordement et de solidarité. C’est aussi çà la montagne, un paradoxe entre se sentir soudés et un plaisir fou de se retrouver désolidarisé, pouvoir ainsi se mouvoir sans gêner l’autre.
Ainsi notre aventure est presque terminée.
Avant de redescendre dans le monde d’en bas, nous en profitons pour faire une halte chez notre copine commune, Sophie, qui a le mérite de garder le refuge du Pavé depuis déjà quelques années. C’est alors Pauline, son aide gardienne, qui nous accueille. Sophie est descendue en vallée quelques jours. Tout aussi souriante et hospitalière et malgré que le refuge possède une architecture particulière, Pauline parvient à ce que les gens se sentent au mieux dans ce lieu originel.
Vendredi 26 juillet, après cinq journées dans cette montagne forte et vivante, nous bouclons la boucle par le Col du Clot des Cavales, et rejoignons la Bérarde. L’aventure est désormais terminée, et nos chemins se séparent. Mais cette belle bambée nous aura fait imaginer d’autres lignes, d’autres tracés, pour tenter de rassasier notre inapaisable soif de découverte.
Le joli cirque du vallon du Pavé, avec la Roche Méane et la Grande Ruine
Façon GMHM nous nous disciplinons aux ordres de la gardienne !
On peut se détendre, le chef de corps n'est pas là !
Derrière le lac du Pavé
Direction le Col du Clot des Cavales
La face sud du Pavé, et derrière la Meije Orientale et les arêtes de la Meije
Le Grand Pic
Petit chamois du Parc
La face sud de la Barre
Matériel utilisé :
Alors, pour ce qui est des cordes, nous avions deux brins de rappel de la marque Simond, en 8,5mm. Pour les sangles, deux 180cm et trois 120cm. Niveau friends, un jeu entier de C4 du 0,3 jusqu’au 3, en doublant du 0,4 jusqu’au 2. Rajouter 3 micros friends. Un petit jeu de câblés variés. En pitons : deux lames fines, deux universels. Deux piolets Gully Petzl et un piolet Simond Fox pour taper les pitons. 3 reversos. Deux micro-poulies. Un crochet Abalakov. En prendre deux au cas où.
Pour les topos :
La Fourastier :
La Directissime des Potes :
Merci au Refuge du Promontoire, au Refuge de l'Aigle et au Refuge du Pavé pour leurs accueils, lieu de repos, de ressourcement et d'énergie humaine pour de plus amples journées le lendemain !
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