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  • Photo du rédacteurbenjaminvedrines

Ouverture d'une voie d'alpinisme au sommet des Bans avec Mathieu et Julien. Est née "Bans Bino"

Les 04 et 05 septembre 2020, nous avons ouvert un itinéraire en terrain d’aventure dans la face Est des Bans, entre la voie Giraud et la voie Cambon-Francou.

Sur un pilier évident. Cette ouverture fut le fruit d’une coopération fraternelle entre trois guides locaux, Mathieu Detrie, un habitué des Premières, Julien Cruvellier De Luze, un hors cadre solide, et moi-même, jeune Diois émigré.

Nous avons passé deux journées magnifiques là-haut, avec une météo incroyable, des moments de grandes rigolades avec une bande de potes imprégnés par la même passion. Le refuge des Bans et sa célèbre fondue comme camp de base, on ne pouvait pas mieux rêver pour clôturer cette belle saison d’alpinisme.

La ligne est raide et suit un cheminement assez logique, sauf au milieu où nous avons un peu « forcé le passage », pensant que c’était la bonne option. Or il s’avérait plus facile d’opérer un contournement par la gauche. Mais c’est la ligne que nous avons suivie, elle a du caractère.

Certaines longueurs sont en rocher délicat, pour autant c’est bien grimpable. Si on sélectionne bien les prises, le rocher des Écrins est toujours bon !






Le plus intense des moments fut la première longueur en 6c, où Julien s’élance dans le un mur raide après avoir tergiversé longtemps, se posant la question de la faisabilité, ou non, de l’engagement physique que lui imposé la falaise. Les premiers mètres furent délicats, comme les prochains. Depuis le relais avec Mat nous observions avec attention chacun de ses mouvements, espérant qu’il ne se retrouve pas coincé, si loin du dernier point qu’il avait installé. L’issu devait être par le haut, le retour en arrière étant trop difficile. Avec prouesse il parvient, après plus de 10 mètres de « Run Out » en 6c, à poser deux bons coinceurs, puis un relais. Ouf…

Julien, alias Deluze, a cette fois eu la bonne idée de mettre un casque ! Il démarre dans SA longueur, avec pour objectif de se frayer un chemin dans cette raide muraille comptacte, sans lignes de fuite évidentes

Le gneiss est lisse comme une fesse, mais de bonne facture...

Le luron cherche son chemin, et à cette occasion, si possible, une fissure salvatrice...Le spit trouvé se situe juste sous Julien. Il traversera encore quelques mètres à droite, avant de pousser le bouchon...

Voila le passage où, en seconds, nous avons trouvé l'engagement un peu trop important par rapport à l'intérêt que celui ci représentait en terme de rapport bénéfices/risques. Nous avons donc percé le rocher avec un outil mécanique et avons introduit un goujon dans le rocher sacré !!!! Malgré notre irresponsabilité, vous pouvez désormais tomber sans mourir !


Dans la face nous avons trouvé des traces de retraite, à savoir un spit juste avant les premiers passages en 6c, ainsi que qu’un relais sur deux pitons dans la cheminée en 7a+.

Mathieu à la sortie de L9

Je me lance dans la L7, le rocher au départ n'est vraiment pas réjouissant et ce n'est pas si facile, il y a un risque de facteur 2. Mais la heureuse présence d'un autre goujon (!!! Encore ???? !!!) m'apporte une confiance suffisante pour oser engager

Je me retrouve alors dans une cheminée licheneuse au fond de laquelle semble se trouver un relais de réchappe. Ces derniers ont évité la longueur en 6c de Julien, par la gauche de la face

Descente après le premier jour d'escalade, on fixe les cordes dynamiques, et on arrivera tout pile à la neige, à un mètre prés !!!

Levé de soleil le deuxième jour

De belles couleurs vers le Viso

Julien remonte à la trail Line

Pareil pour le Mat qui s'occupa de démonter les relais au fur et à mesure

Mathieu et Deluze dans la longueur en 7a, que j'hésitais à côter 6c/c+, mais en même temps il y a un mouvement de bras que je n'ai pas fait... A voir ce qu'en disent les prochains !

C'est d'ailleurs ici que çà se corse. Il y a un piton qu'on a laissé mais qui n'est vraiment pas fait pour une chute. Je l'ai utilisé à la montée en progression

L’itinéraire est intéressant pour qui aime bien grimper ce genre d’escalade engagée, en haute montagne, avec du rocher pas toujours bon, dans une ambiance magique.

Mat à la sortie de L9

J'attaque L9, une petite traversée à gauche, une première "marche", une section protégée par un piton lame et un micro, le tout pas terrible. Puis j'arrive à une section nettement plus dure, où la distance me séparant des dernières protections m'assurait une inéluctable chute écrasante sur les différentes vires en contrebas. C'est alors que je profita encore (!!!A nouveau ????!!!) du magnifique jouet que nous avions trimballé pour y planter une protection adéquate, un goujon. Non sans déception car nous aurions voulu passer avec une éthique irréprochable. Mais notre irrésistible attachement à la vie fut supérieur à l'orgueil.

Mat à la sortie de L9

Mat à l'ouverture de L10

Un très beau 6b, en bon rocher, raide comme il faut, c'était vraiment top ! Après faut toujours faire un peu attention quand même hein !

Le long de ce dièdre marqué, Mat trouve son passage pour sortir sur la crête, synonyme d'arrivée originale de notre voie

Le sac de hissage est obligatoire : l'eau, les habits, la radio, la pharmacie...

Le Pic Jocelme et le Sirac

Mathieu dans le début du moins dur, commun avec la voie Cambon-Francou

Idem

La vue sur le massif est encore très sympa : glacier de la Pilatte, le Pelvoux maître des lieux

Deluze n'en revient pas !

On a repéré la descente de la voie "Ouvrez les Bans", de Cambon, deux styles deux époques


Pourquoi Bans Bino ? Bambino signifie « enfant » en italien. Pour la petite histoire, Mathieu attendait une fille qui est venu au monde seulement quelques jours après cette première. Et puis, on voulait rendre hommage à nos amis disparus il y a bientôt un an, Pierre Labbre et Max Bonniot. Tous les deux étaient d’inconditionnels fans de Jean Dujardin et OSS117.


Alors, lorsque vous grimperez cette voie, si un jour vous osez, pensez à eux, et mettez à fond la musique « Bambino » de Jean Dujardin accompagné par l’Orchestre Oriental (dispo sur toutes les plateformes !).


Bonnes rigolades !


Ci-joint le topo :

Accès : en voiture après le village de Vallouise, se rendre au parking d’Entraygues. Dormir au refuge des Bans. De celui-ci, longer les parois Est de Coste Counier, puis prendre pied sur un éperon évident en rive gauche du torrent descendant du glacier des Bans. Remonter les gradins au plus facile (sente, cairns…). Remonter alors le glacier des Bans, en deux heures depuis le refuge on se retrouve au pied de la face.

L1 : 20 mètres à droite de la Giraud, s’engager à l’aplomb d’une niche caractéristique. Démarrer par une fissure ocre, 3+. Au dessus de celle-ci on rejoint des gradins faciles. Les remonter jusqu’à la cheminée, puis faire relais au niveau de la niche, légèrement à gauche. 45m, 3+.

L2 : S’engager au dessus dans la rampe évidente. La suivre (4), puis passer un surplomb par la gauche. Se rétablir, puis faire relais quelques mètres au dessus, cinq mètres sous un toit, avant la prochaine longueur qui traverser à droite en empruntant une inversée évidente. 30m, 5+.

L3 : Traverser en diagonale droite, 6a. Passer l’écaille, prendre pied dans un couloir facile, continuer en direction d’un surplomb. Négocier ce surplomb de gauche à droite. A la sortie de la partie raide, une petite marche avec bonne fissure, relais possible. Continuer 15 mètres au dessus, pour faire relais sur une vire confortable. 40-45m, 6b.

L4 : De la vire, forcer le surplomb juste au dessus, puis continuer dans le dièdre évident. A la sortie du dièdre traverser vers la gauche sur une petite marche, en direction d’un autre dièdre. Faire relais dans le dièdre à gauche de la marche au pied du surplomb blanc friable, à gauche de l’aplomb d’une tâche verte très caractéristique. Une rampe se poursuit vers la gauche. 35m, 5+, rocher friable.

L5 : Du relais, partir dans le rocher compact en ascendance droite, puis quasi à l’horizontale, jusqu’à un dièdre une vingtaine de mètres plus loin (spit). De ce dernier, continuer droit une dizaine de mètres à peine, puis basculer à gauche pour rejoindre un dièdre dans la partie raide, regardant vers la gauche. Très difficile à protéger, un spit au milieu. Relais 3 mètres à gauche de la fin du dièdre, un spit et un friend. 30m, 6c.

L6 : Traverser à gauche, sur la rampe évidente Sur une plateforme on arrive au niveau d’un bon becquet, passer la courte dépression à gauche puis grimper en traversée ascendante gauche une partie compacte. Relais quasiment au pied d’une fissure, 10m après la plateforme. Relais 1 spit +0,3. 5c, 30m.

L7 : Du relais, traverser à gauche, récupérer le fil fracturé. Laisser la première fissure flanc droit et basculer flanc gauche. Puis revenir dans la fissure initiale. Remonter la cheminée licheneuse, 2 pitons au milieu. Lorsqu’il y un dévers, s’échapper à droite, relais sur une bonne plateforme, deux spits. 30m, 7a.

L8 : Du relais, monter droit, rejoindre la fissure à gauche. Passer le petit dévers, continuer dans la cheminée qui suit. On arrive sur une rampe. Prendre celle-ci vers la gauche, faire relais au niveau d’un gros becquet, avant que çà ne devienne compact. 25m, 6a.

L9 : Du becquet, partir à gauche en traversée horizontale, en direction d’un mur compact raide suivi d’un dièdre. Passer un dévers pour prendre pied dans un mur compact. Rejoindre le dièdre (un pas protégé par un spit). Poursuivre dans le dièdre, partir en légère ascendance droite. Sous un deuxième dièdre, on voit une rampe partir à droite. Ne pas la prendre mais s’engager dans le dièdre au dessus. Ce dièdre va de droite vers la gauche. A sa sortie, prendre pied à gauche sur une rampe en beau rocher orangé, relais sur un large becquet. 45m, 6c.

L10 : Au dessus, un beau mur orange. Prendre droit, sans aller chercher la rampe bien à droite. Passer à droite d’une tour. Bonnes prises, se protège bien. Relais sur le fil qui se couche, becquet. 40m, 6b.

L11 : Continuer à droite du fil dans des gradins faciles. Au niveau d’un ressaut raide, soit passer à droite, emprunter un couloir, et rejoindre une brèche entre les deux dernières pointes du Pilier Est (relais sur becquet), soit grimper ce ressaut, et rejoindre le becquet au niveau de la brèche par une très courte désescalade. 45m ?, 3+.

L12 : De cette brèche, ne pas monter au sommet de la dernière pointe, mais traverser flanc gauche pour aller rejoindre une brèche très profonde. Petite désescalade impressionnante. 4+. De cette brèche continuer au dessus puis faire relais à droite pour distinguer un couloir. Relais sur le fil de la rive droite du couloir. 4+, 35m env.

L13 : De là, soit partir flanc droit du fil, par des ressauts en 3+ max (possibilité de présence de neige). Soit à gauche du fil par un dièdre. Dans tous les cas rejoindre le flanc gauche. 3+, 40m.

L14 : Remonter flanc gauche ou dans le couloir, on arrive à la crête sommitale, non loin du sommet. 3 max, 50m.


Aller au sommet ou entamer la descente, par la voie de descente usuelle, en passant par le névé oval (au total 3 rappels nécessaire).


Matos : corde 2x50m. Deux jeux de friends de l’alien bleu jusqu’au camalot jaune. Prendre un numéro 3, un alien noir. 3-4 câblés. Deux sangles de 180 pour les deux relais sur becquet. 10 dégaines. 2 pitons lames facultatives selon le niveau d’engagement.

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